dimanche 16 septembre 2012

Projet XVIIIème: les dessous (3)

Tant qu'à faire un costume (et pas un déguisement) bien construit, autant le faire à fond...
Me voici donc lancée dans la fabrication d'une "chemise", sous-entendu une chemise de dessous.
Cette pièce de sous-vêtement a été le fondement de toute garde-robe féminine du Moyen-Âge jusqu'au début du XXème siècle. Elle a un but essentiellement utilitaire, à savoir de protéger les vêtements de dessus de la "crasse" du corps: le commun des mortels possédait relativement peu de tenues "de dessus", celles des classes aisées étaient en tissus fragiles (soieries), et ornementés de broderies, pierreries etc..., et dans le siècle qui nous intéresse, le XVIIIème, le vêtement venant directement par-dessus la chemise est le corps baleiné, accessoire fort peu lavable et à protéger pour le faire durer.

Pour le fun, une petite vidéo de l'épreuve d'habillage d'une dame à la fin du XVIIIème siècle:


Le patron de la chemise au XVIIIème est sensiblement le même que depuis le Moyen-Âge: coupe droite devant et dos (2 rectangles), manches droites aussi (2 autres rectangles), et des goussets sous les bras (2 losanges) et sur les côtés (2 triangles) pour l'aisance; le même patron que le bliaut en somme (sauf que le bliaut est d'un seul tenant avec un trou pour la tête, ici devant et dos sont séparés.
Petite entorse à l'historicité, il me semble que l'encolure XVIIIème est plus arrondie, alors que j'ai décidé de ne pas me compliquer la vie et de faire un décolleté en carré (plus antérieur); je comptais sur la coulisse pour arrondir la chose, c'est raté, mais c'est pas grave, ce vêtement sera de toute manière caché.
Idem pour mon ruban, pour le moment il est bleu marine (ruban de récup acheté une misère chez Emmaüs), car je n'avais pas de ruban blanc assez long et étroit, je le changerai à l'occasion.
La robe ne m'a donc rien coûté du tout, car tout est issu de mon stock, le ruban, et le tissu, un drap blanc de grand-mère reçu en héritage: une vraie merveille à porter, il est tissé serré, dans une fibre assez fine, il a un tombé de folie et est très "frais", mais froissable à vue d'oeil:  je le soupçonne de ne pas être 100% coton mais de comporter une part de lin... j'ai utilisé les lisères et les ourlets du drap pour m'épargner de la couture, et coupé tout le reste aux ciseaux cranteurs, et ça ne bouge pas d'un poil!! Un vrai bonheur!

Photo de la robe repassée avant pose de la coulisse et du lien, et refroissée après couture mais finie:

 


Voilà donc les fondations presque terminées, et le corps semi-baleiné est en bonne voie... J'envisage également de me faire un second jupon, pour porter sous le rayé qui a tendance à être trèèèès transparent; j'ai justement fait une razzia de draps blancs anciens à 1€ lors de la braderie d'Emmaüs pour faire mes toiles, l'un d'entre eux pourrait bien finir en jupon!

vendredi 14 septembre 2012

Projet XVIIIème: les dessous (2)


Ca fait un petit moment que les fondations sont prêtes mais je ne les avais pas encore partagées ici.
Cette partie a été la plus rapide et la plus aisée de tout le projet, en moins d'un après-midi le tout était bouclé!

Outre le corps semi-baleiné, les fondations de ma robe chemise reposeront essentiellement sur un jupon pour donner un peu de tenue au voile de coton, et un "cul-de-Paris" ou "bourrelet", en gros un petit coussin en forme de croissant posé sur les fesses pour donner un peu de relief.

LE COUSSIN: 


Le bourrelet a été fait un peu au pif: mesure d'une hanche à l'autre, tracé du croissant et découpe dans deux épaisseurs de vieux drap, assemblage, bourrage avec des vieux collants filés et des chutes de tissus diverses (vous savez, tous les petits bouts agaçants qui restent après un ouvrage, trop grand pour se résoudre à les jeter, des fois que ça serve, mais trop petits pour être vraiment utiles), fermeture et montage sur un ruban à nouer à la taille.


Idéalement, le ruban devrait venir croiser devant et être noué derrière, pour éviter que le coussin glisse, tourne ou pendouille, mais j'ai découvert ça après... le mien est donc noué sur le nombril.

LE JUPON:


Pour le jupon, j'ai suivi le tuto du blog de koshka, en anglais mais très simple à comprendre grâce aux photos.
Le patron étant simplissime, (deux rectangles de la largeur du tissu!), l'ensemble découpe-épinglage-couture des plis-assemblage m'a pris une grosse demi-heure! Le fait d'avoir un tissu rayé m'a honnêtement grandement facilité la tâche, au lieu de me battre avec ma règle, j'ai juste compté les rayures pour avoir des plis réguliers et bien répartis...

Quelques photos du making of:

un panneau prêt à être piqué
épinglage des plis



les plis de devant,
fixés par une piqûre verticale de 10cm
pour rester en forme,
 et deux piqûres horizontales à  la taille.
les plis du dos,
maintenus seulement par 3 piqûres horizontales
pour pouvoir s'ouvrir librement selon le volume
(avec ou sans bourrelet)
de face, avec coussin:
ça manque un peu de volume sur les hanches?
Et voilà le résultat:


De profil, sans coussin:
fesse plate!

De profil, avec coussin:
le coussin est noué trop haut sur la fesse,
c'est aussi à ça que sert le nouage croisé
pour pouvoir le placer bas sans qu'il se sauve...



jeudi 13 septembre 2012

Projet XVIIIème : le corps baleiné (4)



Je suis partie avec dans mes valises tous les morceaux du corps coupés mais "indépendants"... Pour rappel, voici les tissus que j'emploie pour cette création: une toile d'ameublement très épaisse, écrue, en guise de coutil, et pour ceux qui suivent le blog, vous aurez reconnu le taffetas floqué utilisé pour doubler les manches du bliaut!


Vacances obligent, le travail a avancé bien lentement car je n’avais pas ma machine avec moi… Ce sera donc un corps cousu « à l’ancienne » c’est-à-dire tout à la main ! (sauf les œillets, faut pas pousser, hein, quand même !)







Voici une courte avancée, peu gourmande en temps mais bien satisfaisante : les pièces du tissu extérieur et de la toile sont assemblées, coutures ouvertes, ça commence à vraiment ressembler à quelques chose (moins à l'envers, mais bon...):



Sur le chemin du retour, j'ai épinglé en place le ruban de satin qui va à la fois renforcer les couture d'assemblage et masquer les défauts de raccords des motifs (pour un premier corset, j'ai déjà veillé à la symétrie des motifs sur les pans droite/gauche et ce ne fut pas une mince affaire, pour les raccords on verra au suivant!). Ces rubans sont désormais piqués, le résultat est très satisfaisant, mais j'hésite à conserver ou non les deux du milieu (qui restent seulement bâtis pour le moment)...






Projet XVIIIème : le corps semi-baleiné (3)


Aaaaalors, et cette toile ? Eh bien pour une toute première, c’est une franche réussite !! Les repères des lignes de taille et poitrine coincident presque partout, les bretelles sont assez longues pour être attachées devant (épinglées pour le moment), et l’essayage est concluant : ni trop grand ni trop petit, youpiiii !
Les vilaines photos nettes juste épinglé sur Germaine :


 

Sur la bête, lacé sans puis avec baleines:



Il y a quelques défauts mineurs : le laçage dos est aisément bord à bord au niveau de la taille, et les baleines de devant rebiquent sur le gradubidou… il va donc falloir tailler dans le lard (du corset, pas de la dame)! Mais l’effet « remodelant » des baleines est déjà visible à l’œil nu, c’est épatant…

Il est temps maintenant de démonter la toile et d'attaquer les choses sérieuses: la découpe du tissu et le montage du corps "pour de vrai"!